« Paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».
Ce cri d’espérance et de joie nous semble, avouons-le, pour le moins étrange quand les informations nous parlent à chaque jour de violence et d’inhumanité. Comment parler de paix quand des millions de personnes fuient les zones de guerre ? C’est pourtant dans ce monde marqué par la violence que nous osons célébrer la naissance de celui qui est venu pour que règne la justice et la paix.
Dans son récit, saint Luc nous rappelle qu’au moment même de sa naissance, Jésus se retrouve du côté de cette immense foule d’hommes et de femmes qui n’ont pas leur place dans la société. La rencontre de Dieu avec l’humanité se fait dans le plus grand dépouillement. Un enfant couché dans une mangeoire; Marie, Joseph et les bergers qui entendent la voix de l’ange venu proclamer la bonne nouvelle. Le Sauveur est né dans une mangeoire, parmi les animaux, comme cela arrivait parfois chez les pauvres. Encore aujourd’hui, dans les cortèges de personnes déplacées, des femmes donnent naissance dans des conditions plus que précaires.
Dans un monde déchiré par la violence et la haine, Dieu avait promis d’envoyer un messager de paix. Un rêve que l’humanité devra pourtant travailler à le réaliser, malgré les obstacles présents à tous les âges. L’annonce de monde de paix et d’harmonie n’était-il qu’une utopie, un rêve impossible à réaliser? Deux mille ans après cet événement nous savons qu’il demeure un projet à bâtir. Nous pouvons aussi avoir le sentiment d’être, nous aussi, une peuple qui marche dans les ténèbres. Oui, avec la venue de Jésus « une lumière resplendit ». Mais cette lumière n’a pas vaincu les forces qui mènent à la violence.
Croire, c’est être en marche pour faire biller la lumière dans notre monde. Cette lumière de Dieu, ce règne de justice et de paix se réalisera dans la mesure où des hommes et des femmes travailleront ensemble pour que la lumière triomphe des ténèbres. Ce sont eux maintenant qui, guidé par le Seigneur, porteront ce message pour rendre possible ce monde de justice et de paix. Le pape François dit : « Noël ne doit pas être qu’une trêve dans un monde déchiré; un beau moment de répit pour les pauvres dans un effort soudain de générosité et de partage. »
Il est déjà merveilleux de voir la générosité qui surgit à travers les guignolées et les multiples gestes de partage à l’occasion de Noel. Ces gestes doivent devenir un signe clair de notre engagement à bâtir ce monde meilleur où la paix se construit sur la justice.
Il reste tant à faire pour transformer le monde et y faire jaillir la lumière de l’Évangile. Cette transformation commence avec nous et en nous. Les murs de divisions ne se retrouvent pas seulement entre peuples ennemis, nous les rencontrons dans nos cœurs, dans nos sociétés, dans nos familles. Pour que le message de Noël puisse véritablement ouvrir pour le monde un espoir nouveau il faut que chacun, chacune, laisse pénétrer, au plus profond de sa vie, cet appel à laisser l’amour tout transformer.
La joie que nous nous souhaitons en ce jour de Noël ne peut venir que de notre engagement à faire triompher l’amour, la justice et la paix autour de nous. Le pape François reconnait que cet engagement est exigeant mais il ajoute « c’est seulement grâce à cette rencontre avec l’amour de Dieu qui se convertit en heureuse amitié que nous parvenons à être pleinement humains, quand nous permettons à Dieu de nous conduire au-delà de nous-mêmes pour que nous parvenions à notre être le plus vrai ».
C’est là que la véritable joie, la joie promise par Dieu devient possible. En nous souhaitons un joyeux Noël nous nous disons notre engagement à vivre de cette joie et nous prenons un engagement les uns envers les autres.