Par la fondation de Sainte-Croix en 1837, le père Basile Moreau ouvre la porte à des engagements missionnaires variés. En 1840, il répond à des demandes d’un évêque d’Algérie, puis l’année suivante, il cherche à former une nouvelle équipe pour soutenir le travail de l’Église dans le Midwest américain. Six ans plus tard, en 1847, il accepte l’invitation de l’évêque de Montréal et envoie un groupe de sœurs, de frères et de pères au Québec. En 1850, il consent à envoyer une équipe à Rome pour prendre soin des orphelins. Finalement, en 1852, il acquiesce à la demande de la propagation de la foi et assume la mission difficile du Bengale.
Le père Moreau avait compris les défis auxquels l’Église était confrontée. En France, sa terre natale, il voyait l’importance de travailler à l’éducation et à l’évangélisation des campagnes, après la Révolution française. En Amérique, il s’agissait d’appuyer les efforts d’une Église encore fragile. Au Bengale, il fallait assurer une présence chrétienne dans ce pays divisé entre les hindous et les musulmans.
Le développement de ces projets missionnaires ne se faisait pas sans difficultés. Les religieux n’étaient pas encore très nombreux et il fallait souvent choisir les plus prometteurs pour les nouvelles missions. L’argent aussi était rare; les religieux partaient comme des pauvres et commençaient de nouvelles missions avec des moyens très limités.
Quelques-uns des collaborateurs du père Moreau critiquaient son action et l’invitaient à une plus grande prudence. Mais le fondateur avait une foi inébranlable. Il savait que son travail était le travail de Dieu et qu’il fallait faire confiance à la Providence divine. En 1858, on lui reproche vivement d’avoir accepté la mission difficile du Bengale. Il écrit :
« À ces reproches, j’ai répondu ce que je répondrai toujours en pareilles circonstances : j’ai pour principe de ne rien demander en fait de fondation comme aussi de ne rien refuser quand tout me semble indiquer un dessein de la Providence. » Nous retrouvons ici l’attitude missionnaire qui le caractérise : volonté ferme de répondre aux besoins de l’Église et confiance en la Providence.
Le frère André était un digne fils du père Moreau. Il était animé par cette même conviction que Dieu peut agir avec les instruments que nous sommes pour bâtir son Royaume. Tout comme le père Moreau, il poursuivait son projet, avec la certitude que c’était le projet de Dieu.
Le père Moreau a été béatifié le 15 septembre 2007. En cet anniversaire de la béatification du père Basile Moreau, les religieux et religieuses de Sainte-Croix réaffirment leur engagement à poursuivre cette mission, à l’Oratoire Saint-Joseph, comme dans la vingtaine de pays où ils sont engagés.