Coup d’œil sur l’année 1924

En octobre 2024, sans tambour ni trompette, l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal célèbre 120 ans d’existence. Quand on y pense, cela donne le tournis : le sanctuaire a traversé tout un siècle ! Il y a presque cent ans aujourd’hui, le chroniqueur de la revue Les Annales de Saint-Joseph, le père Émile Deguire, c.s.c., se plaisait à faire le bilan de la vingtième année d’activité du sanctuaire.

 

La Chronique de l’Oratoire

Dès la première année de publication de la revue, en 1912, on trouve dans ses pages une section sur son histoire intitulée Chronique de l’Oratoire. Ces pages sont de vraies mines d’or pour les chercheurs qui s’intéressent à tout ce qui touche l’histoire de l’Oratoire : la construction des bâtiments, les travaux au sanctuaire, les visiteurs et les groupes de pèlerins qui s’y rendent, les activités religieuses et culturelles, etc. Les plus connus des chroniqueurs sont le père Georges-Auguste Dion, c.s.c. (1852-1918) et le père Émile Deguire, c.s.c. (1896-1992).

Dans son bilan de 1924, le père Deguire présente d’abord le nombre de communions distribuées : on en dénombre 117 000 pour cette année-là, soit 9 000 de plus que l’année précédente. Autre fait noté par Deguire, le nombre de messes célébrées s’établit à 2 200 grand’messes et 1 600 messes basses, pour un total de 3 800 messes, soit 10 par jour.

Les pèlerinages ont été nombreux, particulièrement en été où le père Deguire estime que 700 000 visiteurs sont passés au sanctuaire. Tous les moyens sont bons pour venir visiter saint Joseph : en bateau à partir de Sorel et de Trois-Rivières, par chemin de fer ou autobus et à pied pour les paroisses, écoles et confréries les plus proches.

Le père Deguire termine son bilan avec le nombre de lettres reçues pour attester de guérisons ou de faveurs obtenues. Au total, 60 540 lettres ! (Chronique de l’Oratoire, février 1925 dans Les Annales de l’Oratoire Saint-Joseph, volume 14, no 2, p. 39)

 

L’anniversaire important de 1924   

Ce qui étonne dans la chronique du père Deguire, c’est que ce n’est pas tant le 20e anniversaire de l’Oratoire qu’on célèbre en 1924, mais bien plus les 7 ans de la crypte. Le 14 décembre, plusieurs pères et frères de la Congrégation de Sainte-Croix participeront à l’événement : grande messe solennelle, participation de la chorale des Scholastiques et jeux à l’orgue couronnent la fête. Pour l’occasion, on reproduit dans la revue les prédications du père Jules Poitras, c.s.c. et du chanoine Harbour, de la Basilique de Montréal. Voici un extrait de son sermon.

 

Intérieur de la crypte, vers 1924. Photographe non-identifié. Archives de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal

 

« Quel prodige que la dévotion à saint Joseph à l’Oratoire. À vingt ans en arrière, c’était une montagne inculte. Et voici que tout à coup, quelque part dans la verdure, surgit un petit oratoire où un humble frère vient répandre son cœur devant Dieu. Bientôt, c’est la foule qui monte de plus en plus nombreuse. […] On construit une crypte spacieuse, qui elle-même ne peut bientôt contenir tous les pèlerins; et c’est pourquoi l’on projette d’élever une immense basilique dont la coupole dominera les campagnes, ex-voto de la reconnaissance de tout un peuple. » (Chronique de l’Oratoire, février 1925 dans Les Annales de l’Oratoire Saint-Joseph, volume 14, no 2, p. 42)