Les lectures de saint frère André

On a souvent dit que saint frère André était ignorant et qu’il savait à peine lire et écrire. La réalité est plus complexe. S’il a très peu laissé d’écrits, sinon quelques cartes postales à des membres de sa famille, il pouvait certes signer son nom et les quelques livres retrouvés dans sa chambre au lendemain de sa mort démontrent son intérêt pour des lectures pieuses. Les empreintes de ses doigts laissées sur certains passages de ces quelques livres et les nombreux témoins intimes de sa vie le confirment. Mais de quels livres s’agit-il ? Découvrons-les ensemble.

D’après ses amis intimes et ceux qui l’ont bien connu, le livre de prédilection de frère André est l’Évangile[1]. Il le recommande vivement aux personnes de son entourage. Les pages les plus souvent ouvertes sont celles de la Passion, mais aussi celles des paraboles de la miséricorde : l’enfant prodigue, la brebis perdue, la maison souillée puis nettoyée et sur laquelle il faut prendre soin de veiller encore (Lc 11,25) ; la pêche miraculeuse, la multiplication des pains.

Mais s’il est une sainte dont on peut dire qu’elle influença la vie spirituelle de frère André, c’est bien sainte Gertrude. Les quelques livres retrouvés dans sa chambre après sa mort le confirment. Deux livres sur Sainte Gertrude [2][3] y figurent. Les marques de doigts du frère lissées sur les pages de ces livres et la citation de certains passages à ses amis indiquent de façon nette l’influence prépondérante qu’eut cette mystique dans la vie du fondateur de l’Oratoire Saint-Joseph.

L’Imitation de Jésus Christ faisait également partie de la petite bibliothèque du frère. Ce livre est d’ailleurs exposé dans une des vitrines du Musée du frère André à l’Oratoire. Il s’agit de la version traduite par F. de la Mennais. La majorité des lectures de frère André, si on exclut les livres de communauté, tourne autour de la Passion de Jésus ou de la vie des saints.

Aux yeux de plusieurs, le frère André passait pour un homme peu instruit et qui savait à peine signer son nom. Mes recherches sur le frère André le confirment. Mais il fut également un homme intelligent, doté d’une bonne mémoire et plein de détermination.

Malgré sa fragilité de santé, frère André travaille dur et fort. Homme de silence, il passe son temps à parler à Dieu et de Dieu. Lisant avec difficulté, il n’hésite pourtant pas à se laisser inspirer par certains livres. Vraiment, frère André fut un homme peu ordinaire, un homme de contraste. Sa foi guide ses choix et sa volonté. Tout semble l’orienter vers Dieu.

  1. Alfred WEBER, « Le saint Évangile de Notre-Seigneur Jésus-Christ ou les Quatre évangiles en un seul, suivis des Actes des Apôtres, complétés et continués jusqu’à la mort de Saint-Jean ». Édition moyenne, Verdun, 95ième édit. (Exemplaire exposé dans la vitrine du Musée de frère André à l’Oratoire).
  2. « Prières de saint Gertrude ou Vrai esprit des prières que Jésus Christ lui-même a révélées pour la plupart à sainte Gertrude et à Sainte Mechtilde, Vierges de l’ordre de Saint-Benoît », traduites par le R.P. Denis, de la compagnie de Jésus, Paris-Lille-Tournai, H. et L. Casterman (s.d.), in-32, 448 p.
  3. LEDOS, « Sainte Gertrude » [Coll. Les saints]. 1er éd., Paris, Gabalda, 1904.