Jour 2 de la neuvaine
Un accueil à libérer
Hier, c’était de mon frère qu’il s’agissait. Aujourd’hui, c’est de mon ennemi. Il suffit de vivre un peu, trente ou quarante ans, pour identifier nos ennemis et prendre connaissance de la part de haine à traiter dans nos cœurs. Comme l’écrivait dans son testament Christian de Chergé, le prieur de Tibhirine : « J’ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal qui semble, hélas, prévaloir dans le monde et même de celui-là qui me frapperait aveuglément ». Avec une lucidité grandissante sur moi-même, Jésus veut m’apprendre à aimer mes ennemis, puisqu’il me le commande follement.
Frère André l’a appris avant nous. Tandis qu’il était portier au Collège Notre-Dame, souvenez-vous, il était moqué et dénigré à l’année longue par le médecin en fonction. Et puis voilà que l’épouse de l’incrédule tombe malade, si malade, que le dernier recours est d’amener la femme en toute discrétion au frère André. La foi et la compassion du frère André guérissent cette femme et, du même coup, la haine et la jalousie du médecin.
Aimer son ennemi, le jour où c’est exigé par les circonstances, cela se prépare dans le cœur, dans le regard. L’ennemi demeure mon frère. Un jour, nous serons peut-être larrons graciés en paradis. Mais pour cela, ma haine doit m’être arrachée dès ici-bas.