Le Pape François a placé l’année jubilaire 2025 sous le signe de l’Espérance. Il invite tous les disciples du Christ à être des pèlerins d’Espérance dans une rencontre vivante, personnelle et communautaire avec le Christ, « notre espérance » (cf. 1 Tm 1, 1) et « porte du salut » (cf. Jn 10, 7.9).

L’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal s’inscrit dans cette dynamique ecclésiale et a choisi comme thème de la neuvaine 2025 : « Avec Joseph, marchons dans l’Espérance ».

L’Espérance est l’un des trois grands caps de la vie chrétienne, les deux autres étant la Foi et la Charité.

Elle est fondée sur la certitude que Dieu est fidèle en ses promesses et que son assistance ne fera jamais défaut à ceux et celles qui se fient à lui.

Dans la tradition de l’Église catholique, l’espérance est considérée comme un moteur qui permet de jeter sur chaque événement, sur chaque être, un regard renouvelé. Pour celui ou celle qui marche dans l’espérance, chaque réalisation humaine porte le signe de la présence agissante de Dieu. Pour celui ou celle qui marche dans l’espérance, la vie n’est plus comprise comme une simple aventure, mais comme un projet qui s’inscrit dans le dessein de Dieu. « Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur », lisons-nous dans le Psaume 26, 14.

Donc il y a une dynamique de l’espérance. Elle nous mobilise, nous fait avancer sans découragement. De fait, l’espérance est une force vitale pour tout être humain. Elle est dans le souffle de vie de chaque être humain. L’espérance fait partie des ressources qui bâtissent et animent la résilience que chaque être humain déploie pour sa croissance humaine, psychosociale et spirituelle. Quand la flamme de l’espérance vacille et s’essouffle, c’est le sens même de l’existence qui est affecté, assombri et sans horizon. D’où l’importance de toujours raviver en soi la flamme de l’espérance pour épanouir la vie.

L’Espérance est donc un des principaux ressorts de la vie, un moteur de l’existence. Elle donne la capacité de se tenir debout, de supporter les blessures sans perdre son sang-froid, de résister aux contradictions de la vie, de se remettre sur pied, et d’aller de l’avant.

On dit souvent que : « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ».  Mais je pense qu’on devrait plutôt dire « tant qu’il y a l’espérance, il y aura toujours une vie », parce que l’espérance est une condition essentielle pour l’éclosion et l’épanouissement de la vie.

Nous pouvons illustrer ces propos par l’expérience des deux disciples d’Emmaüs plongés dans le désarroi par la torture, la pendaison et la mort de Jésus. « Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël », disent-ils à l’étranger qui s’est joint à eux sur la route d’Emmaüs.  Mais grâce à l’écoute et aux propos de ce compagnon de route, ces deux disciples vont passer progressivement de l’obscurité à la lumière, de la déception à l’espérance. Ils retrouvent le goût à la vie et le besoin de partager leur joie de vivre avec les autres disciples. Alors, sur le champ, ils refont le chemin inverse et retournent à Jérusalem (Évangile selon saint Luc, chapitre 24, versets 13 à 35).

La rencontre du Christ Ressuscité avec ces deux disciples, pèlerins d’Emmaüs, est « une thérapie de l’Espérance », a dit le Pape François lors de l’Audience générale du 24 mai 2017.

Dans la lettre encyclique « Spes Salvi », le Pape Benoît XVI, a souligné que c’est en Jésus Ressuscité que « nous a été donnée l’espérance, une espérance fiable, en vertu de laquelle nous pouvons affronter notre présent : le présent, même un présent pénible, peut être vécu et accepté s’il conduit vers un terme et si nous pouvons être sûrs de ce terme, si ce terme est si grand qu’il peut justifier les efforts du chemin » (Benoît XVI, « Spes Salvi », n°1). Avec l’Espérance, nous dit-il, « la porte obscure du temps, de l’avenir, a été ouverte toute grande. Celui qui a l’espérance vit différemment; une vie nouvelle lui a déjà été donnée » (Benoît XVI, « Spes Salvi », n°2).

« Tout agir sérieux et droit de l’homme est espérance en acte. Il l’est avant tout dans le sens où nous cherchons, de ce fait, à poursuivre nos espérances, les plus petites ou les plus grandes: régler telle ou telle tâche qui pour la suite du chemin de notre vie est importante; par notre engagement, apporter notre contribution afin que le monde devienne un peu plus lumineux et un peu plus humain, et qu’ainsi les portes s’ouvrent sur l’avenir. Mais l’engagement quotidien pour la continuation de notre vie et pour l’avenir de l’ensemble nous épuise ou se change en fanatisme si nous ne sommes pas éclairés par la lumière d’une espérance plus grande, qui ne peut être détruite ni par des échecs dans les petites choses ni par l’effondrement dans des affaires de portée historique. Si nous ne pouvons espérer plus que ce qui est effectivement accessible d’une fois sur l’autre ni plus que ce qu’on peut espérer des autorités politiques et économiques, notre vie se réduit bien vite à être privée d’espérance. Il est important de savoir ceci : je peux toujours encore espérer, même si apparemment pour ma vie ou pour le moment historique que je suis en train de vivre, je n’ai plus rien à espérer. Seule la grande espérance-certitude que, malgré tous les échecs, ma vie personnelle et l’histoire dans son ensemble sont gardées dans le pouvoir indestructible de l’Amour et qui, grâce à lui, ont pour lui un sens et une importance, seule une telle espérance peut dans ce cas donner encore le courage d’agir et de poursuivre » (Benoît XVI, « Spes Salvi », n° 35).

Dans la « Bulle d’indiction » de cette année de Jubilé 2025, le Pape François nous invite à nous souvenir de l’exhortation de Saint Paul aux communautés chrétiennes de Rome aux prises avec la persécution : « L’espérance ne déçoit pas » (Rm 5, 5).

Ici à l’Oratoire Saint Joseph du Mont-Royal, nous sommes donc invités à être des Pèlerins d’Espérance, en communion avec le Saint Frère André, un témoin-porteur d’espérance, et soutenus dans notre marche par l’Espérance de saint Joseph.

La dévotion de Frère André à saint Joseph l’a introduit dans la dynamique de l’Espérance qui est une valeur fondamentale dans l’existence de saint Joseph. Grâce à son amitié avec saint Joseph, Frère André n’a jamais manqué d’espérance, même dans les pires moments de sa vie. Le Frère André a tenu bon face aux grandes épreuves de la vie.  Sa foi inébranlable en l’amour de Dieu a été source de courage, de persévérance et surtout, source d’une confiance à toute épreuve. C’est ainsi qu’il est devenu un témoin-porteur d’espérance pour toutes les personnes qui se confiaient à sa prière. C’est en marchant avec saint Joseph que sa façon de voir le présent et d’envisager l’avenir s’est solidement enracinée dans la confiance en la permanente présence de Dieu, dans les situations concrètes de son existence. Frère André nous rappelle qu’il n’existe pas de situations bloquées ni d’épreuves qui ne puissent être surmontées ou dépassées. Il y a toujours un chemin d’espérance pour celui ou celle qui sait faire confiance à Jésus.

Soutenus par l’Espérance de saint Joseph, nous sommes donc appelés à cheminer, avec la même simplicité et la même confiance que Saint Frère André, en pèlerins d’Espérance, en prêtant attention à tout le bien qui est présent dans le monde, pour ne pas tomber dans la tentation de se considérer dépassé par le mal et par la violence.

À l’école de saint Joseph, le Frère André a bien compris que l’espérance n’induit pas à fuir ou à ignorer la réalité existentielle, avec ses joies et ses épreuves, mais plutôt l’éclaire d’une lumière qui permet de se projeter au-delà de la nuit du doute et du désespoir. C’est grâce à la présence de cette lumière dans le cœur, si tenue soit-elle, que toute nuit peut devenir un moment propice de croissance humaine et spirituelle.

Dans le Nouveau Testament, l’auteur de la lettre aux Hébreux affirme que « l’espérance est l’ancre de notre âme, sûre autant que solide » (He 6, 19). Nous pouvons ajouter que l’espérance est aussi la voile qui nous fait bouger, qui nous fait avancer sur les flots tumultueux de la vie.

Donc l’espérance est à la fois l’ancre et la voile pour la barque de notre vie. C’est elle qui donne de la sécurité à la barque. C’est également elle qui capte le vent pour le transformer, sans bruit, en force motrice. Quand l’espérance est entre les mains d’un bon marin, elle est capable d’exploiter n’importe quel vent, sans souci de la direction dans laquelle il souffle, pour avancer dans la direction souhaitée.

Marcher dans l’espérance, avec saint Joseph, à la suite de Saint Frère André, devrait nous inciter à regarder les choses et le monde autrement, avec un autre regard. Avec saint Joseph, notre espérance donne un sens, c’est-à-dire une signification et une direction. Avec saint Joseph, notre existence n’est pas sans signification; notre existence n’est pas vouée au néant.

Que Saint Frère André nous conduise à saint Joseph, qu’il soutienne notre marche à ses côtés, afin de devenir davantage des témoins d’Espérance pour le monde aujourd’hui.

« Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint. » (Rm 15, 13)