Bien accompagnés à l’Oratoire !

Bien accompagnés à l’Oratoire !

 

Un lieu populaire

Depuis sa fondation en 1904, le sanctuaire a toujours attiré les visiteurs. On y venait pour la prière et la dévotion, mais aussi pour profiter des espaces verts, de la vue sur les Laurentides ou de la quiétude des lieux. Avec la construction de la crypte, puis de la basilique et du Jardin de la Croix, des foules plus imposantes ont souhaité se rendre jusqu’au sommet. Et comme les marches ne plaisaient pas à tous, les autobus touristiques ont progressivement fait leur apparition.

Vers la moitié du XXe siècle, la présence de plus en plus visible de ces gros véhicules commençait à poser problème. La grande affluence touristique était-elle compatible avec la vocation spirituelle de l’Oratoire ? La réponse était ambigüe, mais il ne faisait aucun doute que pour se montrer accueillant envers les pèlerins et les touristes, l’Oratoire devait s’organiser.

Ironiquement, cet afflux de touristes à l’Oratoire était aussi le résultat du succès de ses propres campagnes de publicité. En 1946, le conseil du sanctuaire accepte de verser 25 $ à la compagnie Provincial Publishing Agency de Montréal pour annoncer le sanctuaire dans leurs publications destinées aux touristes (1). Quelques mois plus tard, ce sont 100 $ qui ont été alloués à la promotion du site dans le guide Travel and Listing prévu de 1947 (2). Il ne faut donc pas se surprendre si à la même époque, les responsables évoquaient la création de postes de guides pour assister les visiteurs en période de grande affluence.

 

Le comptoir d’information des guides. Deux tableaux affichent l’horaire des messes et les groupes attendus. Vers 1950. Photographe non identifié. Archives OSJ.

 

Les précurseurs

Dès 1940, le conseil de l’Oratoire proposa d’embaucher des guides, principalement pour répondre aux besoins accrus des visiteurs estivaux. Les membres du conseil s’étaient mis d’accord pour prévoir un salaire de 3 $ par jour, un béret mauve et un écusson; néanmoins, les repas ne seraient pas inclus et le costume « foncé » serait aux frais du guide (3).

Le mystère plane sur cette première cohorte de guides, car les archives n’ont malheureusement aucune trace concrète de leurs activités. Une seule lettre datée de 1948, adressée à l’économe du sanctuaire laisse présager que ces guides ont bien été à l’emploi de l’Oratoire en 1940-1941 (4).

Dix ans plus tard, en 1950, la situation avait évolué. Le recteur de l’époque, père Émile Deguire, c.s.c., rapporta dans la Revue L’Oratoire de juin 1949 : « […] les touristes se font particulièrement nombreux à Montréal. Or, il n’est pratiquement aucun d’entre eux qui ne tiennent à venir au sanctuaire du Mont-Royal… Nous dirons en toute loyauté que la venue de ces visiteurs nous est bien agréable parce qu’elle atteste le prestige dont jouit le sanctuaire dans tout le pays ».
Les autobus touristiques sont devenus si nombreux que le conseil dut remettre à l’ordre du jour la création d’une brigade de gens spécialement formée pour accueillir les visiteurs. On justifie cette décision par le constat que presque tous les touristes arrivant en masse par autobus ne font que passer en courant, leurs visites prenant l’allure de « simples tournées », qui bouleversent « l’atmosphère de recueillement nécessaire aux pèlerins » (5).

Nous ne disposons tout au plus que d’une dizaine de photographies des guides de cette période : tous de jeunes hommes vêtus d’un costume composé d’une chemise blanche, d’un pantalon gris et d’une cravate. Ils portent un écusson arborant le logo de l’Oratoire et la mention « Guide officiel ». Cela suggère qu’ils étaient en compétition avec les guides privés qui accompagnaient les touristes. Un kiosque d’information fut construit près du débarcadère des autobus tandis qu’un comptoir de service prit place à l’extérieur, sur la galerie du pavillon des services. Sur ces photos, on y voit un téléphone et des tableaux affichant les horaires des messes et les groupes en pèlerinage. Il y avait au moins un responsable des guides et deux assistants à cette époque (6). Les visites proposées étaient personnalisées, allant jusqu’à offrir « une visite spéciale d’une heure entière » (7).

Qui étaient ces guides ? Les archives nous laissent peu d’information. Dans les réunions du conseil, on évoque l’idée de faire appel à des étudiants des collèges de la Congrégation de Sainte-Croix. Était-ce le cas ? Le mystère persiste encore aujourd’hui…

 

Prospectus pour les touristes. Archives OSJ.

 

Une tradition toujours apprécié

S’ils sont plutôt discrets dans les archives de l’Oratoire, les guides sont toujours une partie importante de l’équipe pastorale. Depuis plus de 75 ans, ils accompagnent les pèlerins, de tous âges et de toutes provenances, sur les divers lieux de l’Oratoire et partagent avec passion leurs connaissances de ce grand sanctuaire, le plus important site du patrimoine religieux au pays.

 

Un guide et un pèlerin au kiosque. Derrière à gauche, le pavillon des services où se trouvaient la boutique et la cafétéria. Vers 1950. Photographe non identifié. Archives OSJ.

 

Appel à vos souvenirs

Avez-vous été un guide à l’Oratoire ? Connaissez-vous une personne de votre entourage qui a été parmi les premiers guides du sanctuaire ? Nous serions ravis de connaître votre histoire et vos souvenirs !

Contactez-nous aux archives de l’Oratoire à l’adresse: [email protected]

 

Sources

  1. Procès-verbal du Conseil local, 10 septembre 1946
  2. Idem, 4 décembre 1946
  3. Idem, 20 juin 1940
  4. Lettre de Pierre Leclaire à père Honoré Rivest, c.s.c., 20 août 1948. Archives OSJ, 11.01.00_Projet 1948
  5. Idem, 6 février 1951
  6. Idem, 29 mai 1951
  7. Idem, 20 novembre 1951