Dévotion à saint Joseph
En 2024, nous soulignons le 4e centenaire de la dédication du Canada à saint Joseph. Plusieurs instituts et congrégations religieuses du Québec lui portent une profonde affection qui remonte souvent aux tous premiers jours de leur existence. Nous les avons invités à nous parler de la place qu’occupe saint Joseph dans leur histoire.
Les débuts difficiles d’une congrégation
En 1889, le père Joseph Brouillet, curé de Worcester (Massachusetts, États-Unis, dans le diocèse de Springfield), souhaite établir une communauté pour s’occuper des orphelins de la ville. Il convainc onze jeunes filles de la région de rejoindre son projet. Malheureusement, en 1891, un malentendu majeur conduit le curé à mettre à la porte toutes les filles qu’il avait recrutées. Accompagnées de trois orphelins, en plein hiver dans la rue, sans manteau et sans bagage, elles se réfugient chez des parents et des amis.
En quête d’un abri pour vivre ensemble, elles ne trouvent qu’une vieille masure abandonnée et inhabitable « qui n’a qu’un numéro pour l’empêcher de perdre son titre de résidence » (Garceau, pp. 100-101). Un bienfaiteur, M. Lévi Beaulieu, providentiellement leur donne 10 $ pour leur permettre de payer leur premier loyer.
Ce groupe de jeunes femmes est connu sous le nom des Oblates de Saint-François.
Saint Joseph à l’œuvre
Leur humble demeure sera un lieu privilégié pour les bontés de saint Joseph.
Au matin d’une tempête de neige empêchant la quête quotidienne, les sœurs constatent que le garde-manger est vide. « Les heures de disette sont celles de saint Joseph » disent-elles. Devant l’humble statue où « grésille le lampion des pauvres (un bout de ficelle dans du saindoux), toute la maisonnée s’est mise en prière pour crier famine. » Bravant la tempête, un inconnu frappe à la porte et verse le contenu de son panier rempli de pain. Un déjeuner d’action de grâces rassemble la petite famille autour du bon pain de saint Joseph. Le bienfaiteur leur communique également l’adresse d’une charitable dame à qui les Oblates pourront recourir quand leur dépense sera vide. (Garceau, pp. 115-116)
Un autre soir, c’est la sœur cuisinière qui n’a plus qu’un peu de semoule à servir pour le souper. « Dois-je mettre la table malgré tout? » demande-t-elle à la Supérieure. « Oui ma sœur. Si nous n’avons pas de quoi nourrir notre corps, nous alimenterons au moins nos âmes par une bonne lecture ». À peine ce repas spirituel est-il commencé que, déjà, saint Joseph est touché de compassion. Il guide deux colporteurs arméniens vers « la Maison de misère ». Voyant la pauvreté qui y règne, ils retournent en ville chercher des provisions parmi leurs concitoyens. « C’est pour les Jésus-Christ de la côte, expliquent-ils pendant que l’épicier prépare une caisse de comestibles divers ». Les deux Arméniens « feront une petite collecte auprès d’amis de leur nationalité et plusieurs semaines consécutives, le samedi, ils apporteront cette aumône aux sœurs qui ne manqueront pas de remercier saint Joseph par une prière, un cantique … ou une nouvelle demande. Chaque jour, elles récitent les oraisons en l’honneur des sept allégresses de leur saint protecteur pour unir aux siennes leurs tristesses et leurs joies. » (Garceau, pp. 117-118)
Saint Joseph s’établit à Baie Saint-Paul
En 1891, par un long détour de la Providence, les Oblates de Saint-François trouvent refuge à Baie-Saint-Paul où elles sont acceptées à titre de communauté diocésaine par le Cardinal Mgr Louis-Nazaire Bégin, évêque du diocèse de Chicoutimi, à la demande du curé Ambroise Fafard, curé de Baie-Saint-Paul. Le 12 août 1892 la communauté prend le nom de Petites Franciscaines de Marie. Elles ont pour mission de prendre soin des personnes âgées et des malades mentaux.
Lors de la construction de la Maison Mère en 1900 « les Petites Franciscaines de Marie passent, avec saint Joseph, un contrat mi-spirituel, mi-temporel […]. Elles s’engagent à accomplir douze mille actes de vertu en échange de douze mille dollars sollicités de leur puissant protecteur. Leur prière ira en ce sens : Bon saint Joseph (…), s’excusent les sœurs, si nous vous demandons des piastres, ce n’est pas pour alléger le fardeau de la sainte pauvreté ». (Garceau, pp. 448-449).
Mère Marie-Anne-de-Jésus, la Supérieure générale, sera souvent contrainte d’engager des hommes à la journée, leur distribuant chaque soir leur salaire par incertitude du lendemain. Pourtant le travail ne sera jamais suspendu faute d’argent : saint Joseph intervient toujours même si, d’abord maître de foi aveugle et patiente, il attend parfois que la bourse soit au dernier sou. Chaque mercredi est marqué de ses faveurs petites ou grandes.
Il y a encore tant à dire au sujet d’autres miracles issus du cœur de notre saint protecteur. Cela vous intéresse ? Vous pouvez en savoir davantage grâce à l’ouvrage de Michèle Garceau Par ce signe tu vivras Histoire des Petites Franciscaines de Marie,
Sœur Yvette Chamberland, pfm
Baie-Saint-Paul
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(1) Michèle Garceau, Par ce signe tu vivras, Histoire des Petites Franciscaines de Marie, 1889-1955, Baie-Saint-Paul 1989, 4e édition Dépôt légal, Bibliothèque nationale du Québec.