Faites ceci en mémoire de moi
Tous les ans, le Jeudi saint nous permet de revivre le dernier repas du Seigneur avec ses douze apôtres. C’est à ce moment que, prenant un morceau de pain, il prononça cette phrase incroyable « Ceci est mon corps » et qu’en prenant la coupe de vin, il dit « Ceci est mon sang. » Dans l’Évangile selon saint Luc, on ajoute ces mots qui ont marqué toute la vie de l’Église : « Faites ceci en mémoire de moi ».
Les disciples ont vu dans ces paroles un appel à reprendre ce geste et à le partager au sein de la communauté chrétienne naissante. La communauté grandissant, cet appel à refaire le geste du Seigneur a été transmis aux chefs des grandes Églises. Ceux-ci, les premiers évêques, ont compris qu’il fallait confier aux anciens des Églises la responsabilité de perpétuer ce geste… C’est ainsi que cette tâche sacrée a été confiée aux évêques et aux prêtres.
Le récit du dernier repas dans l’Évangile selon Jean nous propose un autre signe tout aussi important, celui du lavement des pieds. Celui qui a dit « faites ceci en mémoire de moi » a dit aussi « vous devez vous laver les pieds les uns aux autres ».
Il est important de voir ensemble les deux symboles forts de ce dernier repas. Ceux qui ont reçu l’insigne privilège de dire « ceci est mon corps, ceci est mon sang » en faisant mémoire du Seigneur sont aussi invités à laver les pieds en se souvenant du geste de Jésus. Ces deux signes sont pour ainsi dire les deux facettes d’un même appel. Pour pouvoir prononcer dignement ces paroles précieuses qui rendent le Seigneur présent à la communauté, il faut savoir poser les gestes d’humble service qui témoignent de sa présence dans la communauté.
La dernière Cène du Seigneur que nous commémorons le Jeudi saint nous invite à nous ouvrir à ce geste d’amour qui se réalisera pleinement avec la mort du Christ en croix. Dans ce dernier repas, Jésus a réuni les multiples dimensions du don de soi qui s’exprime par le geste de service à l’autre, avec le lavement des pieds, tout comme dans le don suprême de celui qui donnera son corps et son sang pour la vie du monde. Celui qui a l’insigne privilège de présider à cette assemblée de croyants a aussi l’immense responsabilité de traduire au quotidien et d’accueillir ce don de Dieu et de se laisser transformer par l’appel au don de soi qu’exprime l’Eucharistie.