Frère André pour la vie
Il y a 150 ans, le frère André « dit dans le monde Alfred Besset » prononçait ses vœux perpétuels de religieux de Sainte-Croix, le 2 février 1874. Les journaux de 1924 avaient souligné ce jubilé d’or mettant de l’avant la figure du bon frère et son œuvre dédiée à saint Joseph qui se développait sur le mont Royal.
Les journaux La Presse et La Patrie annoncent chacun dans leur édition du jeudi 31 janvier 1924 les festivités prévues le samedi 2 février pour souligner les 50 ans de vie religieuse du frère André ainsi que du frère Marie-Antoine.
Le programme présenté se résume à une grand’messe solennelle à 9 h 30 à la crypte de l’Oratoire suivie d’un banquet intime au Collège Notre-Dame. Dans les articles publiés au lendemain de la fête, journalistes et chroniqueurs s’entendent sur le fait que cet anniversaire a tout eu d’une grande manifestation de joie.
Portrait d’un homme et de son œuvre
Il est intéressant de voir comment la presse de l’époque aborde l’événement. Dans Le Devoir, on dresse un portrait de la vie personnelle et religieuse du frère André. On y mentionne les faveurs obtenues par les prières adressées à saint Joseph que le portier invoque sans cesse de même que les humbles débuts de l’Oratoire. On fait également mention de quelque 8 000 pèlerins quotidiens sur le site ainsi que de 250 lettres reçues à tous les jours.
Dans les journaux anglophones, on privilégie de raconter l’œuvre principale du frère André : l’Oratoire Saint-Joseph. Dans The Review, on insiste particulièrement sur la beauté des lieux, l’importance et le rôle du sanctuaire pour la ville, les guérisons rapportées et les béquilles accrochées au mur sud de la crypte.
Un autre journal de langue anglaise (malheureusement non identifié) fait un lien intéressant entre l’entrée du frère André dans la Congrégation de Sainte-Croix en 1870 et le décret du bienheureux pape Pie IX, la même année, désignant saint Joseph Patron de l’Église universelle.
Bien que ce soit surtout le frère André qui capte l’attention des rédacteurs, le frère Marie-Antoine a aussi droit à quelques lignes dans La Patrie (31 janvier 1924) et Le Devoir (1er février 1924). Jean-Marie Guyot est né en 1846, en France; il entre en religion et enseigne à Paris puis en Algérie et enfin, au Canada où il débarque en 1903.
De l’événement public à la fête intime
Alors, que disent encore les journaux à propos de cette journée spéciale? La grand’messe à la crypte attire une foule imposante. Des représentants de toutes les communautés de la Congrégation de Sainte-Croix sont présents. Parmi les invités, il y a également un ami très connu du frère André : Raoul Gauthier, chef des pompiers de Montréal.
La musique est à l’honneur. Une chorale sous la direction du frère Séverin, maître de chapelle au Collège Notre-Dame, exécute la Messe des Anges accompagnée de l’organiste de l’Oratoire, le frère Placide. La messe est présidée par le supérieur provincial, le père Alfred Roy, c.s.c., et le sermon de circonstance est prononcé par le père Édouard Laurin, c.s.c. Des extraits sont reproduits abondamment dans les pages des journaux.
Il y a donc cinquante ans, presqu’en même temps mais à plus d’un millier de lieues de distance, deux jeunes gens appelés d’en haut […] et en pleine liberté, faisaient à Dieu l’offrande de ce qu’ils avaient de plus cher. (P. Édouard Laurin, c.s.c., cité par Le Devoir, 4 février 1924)
Tous aussi mentionnent le banquet qui a suivi la célébration. Malheureusement, les journaux rapportent peu de détails. Sans doute que le banquet fût, à la différence de la messe, le moment intime désiré au départ. C’est bien dommage, car Le Devoir indique que les jubilaires ont offert quelques mots à la fin du repas. Mais, ces paroles du frère André n’ont pas été retenues.