Le prie-Dieu du frère André
Lors des célébrations d’inauguration de la crypte de l’Oratoire, il y a cent ans, le frère André semble être demeuré dans l’ombre de l’événement. Le numéro des Annales de Saint Joseph publié en février 1918 est entièrement consacré à la bénédiction de la crypte qui a eu lieu le 16 décembre 1917. Nous pouvons y lire les allocutions de circonstance mais dans tous ces beaux témoignages, aucune mention n’est faite du frère André. Nous pouvons sans doute deviner sa présence. On pourrait dire qu’à mots couverts, Mgr Bruchési, archevêque de Montréal, désigne le frère André quand il rappelle l’origine du sanctuaire : « une médaille qu’une confiance naïve fait déposer dans un tronc d’arbre… »; et un peu plus loin, soulignant les pèlerins qui se multiplient : « on parle de grâces obtenues », et « voici que les malades se disent guéris… ». On fait référence au frère André mais avec la plus grande discrétion, pour ne pas offenser l’humilité du saint religieux. Dans la liste des pères et des frères qui sont présents à la célébration, on ne retrouve même pas le nom du frère André! De toute façon, les honneurs et les titres importent peu à ses yeux. L’action qu’il privilégie est toute tournée vers les autres et la prière en est le chemin. J’ose imaginer le frère André priant humblement dans la stalle de chœur qui lui est réservée à l’arrière de l’autel.
D’ailleurs, la belle crypte de pierres devient ce nouveau lieu ou le frère André prie assidûment en se joignant à ses confrères de Sainte-Croix et aux pèlerins de l’Oratoire. Pendant près de vingt ans, c’est là qu’il participe à la messe tous les matins avant de se diriger vers son bureau y accueillir les gens. Il y est encore tous les mercredis, avec les personnes souffrantes qui viennent pour « l’office des malades ». Et lorsque le prêtre passe parmi eux pour les bénir avec l’hostie consacrée, on peut imaginer le frère André qui les accompagne discrètement par sa prière. C’est aussi à la crypte qu’il se rend tous les vendredis pour l’heure de prière et d’adoration, « l’heure sainte » comme on disait autrefois, qui est suivie du chemin de croix qu’il fait avec ses proches collaborateurs et souvent avec un grand nombre de pèlerins.