Noël, c’est l’espérance qui jaillit
Dans son message de Noël-2015, le Pape François rappelait que: « là où Dieu naît, naît l’espérance; et là où nait l’espérance, les personnes recouvrent la dignité. Là, où Dieu naît, naît la Paix » (cf, Angelus 14 décembre 2015). Dans un monde marqué par la violence, la guerre, l’incertitude et le stress, ce message rempli de foi et d’humilité reste d’actualité. Ainsi, à chaque période de Noël, nous pensons à l’amour inconditionnel de notre Dieu, qui vient à notre rencontre afin de renouveler le sens ultime de notre espérance qui ne déçoit pas.
L’un des textes les plus stimulants pour scruter l’énigme de Noël est le prologue de Saint Jean. L’auteur de cet évangile commence son discours ainsi: « au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement tourné vers Dieu. Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui » (Jn 1,1-3). En cogitant sur le prologue de Saint Jean, il ne serait pas microscopique de saisir la dimension théologique et cosmologique de sa pensée.
Dans le champ de la philosophie grecque, le logos désigne l’intelligence, la raison, ou encore la parole rationnelle. C’est ce qui permet de penser de façon cohérente, d’expliquer le monde et de communiquer. Pour Héraclite, le logos est l’ordre caché du monde, loi universelle qui organise le cosmos (cf. Sextus Empiricus, contre les mathématiques, VII,132). Pour Platon, le logos est une pensée rationnelle, un discours bien structuré et orienté vers la vérité (cf. Phèdre, 259-266). Or, Jésus lui-même dira qu’il est la Vérité et la Vie (Jn 14, 6). Sans vouloir prendre une position contraire aux affirmations philosophiques, la tradition hébraïque enrichit la compréhension dans une perspective chrétienne avec le verbe dabar, la Parole de Dieu. Subséquemment, le logos est dans la racine du verbe grec dabar, une densité de sens et d’une richesse sans limite. Au rhizome de ce même verbe dabar, l’idée qui se cache, c’est qu’il existe en Dieu une énergie qui veut se manifester, jaillir.
Dieu, tenant compte de notre propre faute originelle qui a dénaturé la nature divine de l’homme, s’est manifesté à nous. « Dieu a parlé à maintes reprises et sous des formes multiples : à nos Pères par les prophètes ; à nous, finalement, par son Fils, Jésus » (He 1, 1-2). La prophétie de Nathan précise avec rigueur que Yahvé fera une maison à David (cf. 1 Sam, 7, 12-24). Le règne de David sera un règne éternel. Dans cette lignée de David naît le roi de gloire, venant de Bethléem, il sera appelé « Dieu-fort, Père éternel, Prince de la paix » (Is, 9, 5). Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous (Is 7,14) et l’esprit de Yahvé reposera sur lui avec ses dons et un règne de justice et de paix sera établi (Is 9,6).
Saint Jean affirme : « Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14). Tel est le cœur de Noël.
L’espérance qui jaillit
Dire qu’à Noël c’est « l’espérance qui jaillit » c’est situer cette fête au cœur de notre foi chrétienne. C’est une naissance que nous célébrons dans la foi, la confiance et l’espérance qui surmonte l’incertitude et l’alarmisme. Le concile Vatican II, rappelle que, « par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (cf. Gaudium et Spes, n.22). Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché.
Noël nous fait comprendre que Dieu vient habiter parmi nous, qu’il choisit d’être à nos côtés, en partageant nos joies et nos peines. Dans notre monde déchiré par des conflits armés qui défigurent encore l’humanité, célébrer Noël, c’est célébrer l’espérance, la joie et la paix. Le prophète Sophonie renforce notre espérance en disant : « Le Seigneur ton Dieu est en toi, héros sauveur » (So 3,16-17). « Dieu protège son peuple » (Sophonie 3,16). À Noël, nous renouvelons notre foi et notre espérance en ce Dieu protecteur qui vient dans notre faiblesse afin de nous diviniser. Ainsi, devant les circonstances de notre quotidien, devant les vagues et les vents contraires, il ne faut pas baisser les bras.
À Noël, c’est cette naissance prophétique que l’Église universelle célèbre. La naissance du rameau qui émane de la souche de Jessé père de David, un rejeton qui jaillit de ses racines (Is 11,1). La fête de Noël est ainsi le jaillissement de l’espérance chrétienne. Elle marque l’incarnation du Fils de Dieu, c’est la révélation parfaite de Dieu dans son règne céleste; c’est cette lumière qui brille à Bethléem et qui devient pour le monde entier une tradition de joie, de beauté et d’espérance.
À tous et à toutes, bon temps de l’Avent et joyeux temps de fête. Que notre espérance soit complète !







