Nourrir l’âme et le corps à l’Oratoire Saint-Joseph

Plusieurs pèlerins en visite à l’Oratoire sont non seulement surpris par l’ampleur des travaux du projet d’aménagement, mais sont aussi à la recherche du restaurant de l’Oratoire. Nous les comprenons : notre restaurant pouvait accueillir près de 500 convives, proposait des repas variés et les pèlerins profitaient d’une vue imprenable sur les Laurentides…

Quelle est l’histoire de ce bâtiment aujourd’hui disparu ? Comment en était-on venu à avoir un restaurant sur le flanc du Mont-Royal et qui plus est était voisin du plus grand sanctuaire au monde à Saint-Joseph ?

L’origine du restaurant de l’Oratoire est indissociable de celle du kiosque d’objets de piété. En 1909, suite à l’agrandissement de la chapelle d’origine, le Comité des zélateurs¹ accorde à M. Joseph A. Renaud la permission de construire un kiosque pour y vendre des chapelets, des médailles, des petites images de prières, etc. Le bâtiment est saisonnier et on le construit sur pilastres. Outre l’espace pour la vente de souvenirs, on y trouve la chambre du gardien (à cette époque, frère André) et une salle d’attente pour les entretiens privés avec ce dernier².

L’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal vers 1911.
À l’extrême gauche, le pavillon de trois étages contenant les cuisines, la boutique et le restaurant ainsi que le logement du commis en charge du restaurant.
Archives de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal

Le restaurant est construit en 1911 comme une annexe au kiosque. La demande vient du conseil provincial. Le bâtiment de trois étages mesure 25 x 27 pieds. Les cuisines sont installées au rez-de-chaussée, la salle à manger est au-dessus. Au dernier étage, un logement de quatre pièces pour la famille du commis de la boutique qui est également chargée du service des tables et du buffet. Ce premier restaurant existera jusqu’en 1915, date à laquelle tous ces bâtiments (kiosque d’objets, restaurant et petit entrepôt) sont détruits. Les travaux de la crypte font que l’on déménage vers l’ouest la chapelle d’origine et on érige un kiosque pour présenter des plans du projet de basilique au public ainsi qu’un bureau plus spacieux pour le frère André³. Le restaurant semble disparaître pour un temps.

En 1923-1924, on construit un pavillon pour les pèlerins au niveau du parterre de la rue Queen-Mary. Le vaste bâtiment rectangulaire est réalisé d’après des plans des architectes Viau et Venne. Quatre édicules ferment les angles du pavillon, dont les côtés restent ouverts. Sous son toit on trouve d’immenses tables pour accommoder les pèlerins en pique-nique⁴. Le père Aimé Trottier, c.s.c., indique qu’un « minuscule restaurant » est installé dans ce pavillon connu sous le nom de l’Auberge⁵.

Le grand retour d’un service de restauration se fera en 1941. On transforme le kiosque des plans entre la chapelle et l’ancien bureau de frère André en une petite cafétéria. Pendant plus de dix ans, les pèlerins se contenteront de ce service somme toute modeste. En 1954, au moment où l’on déménage la chapelle d’origine vers son emplacement actuel, on procède au réaménagement complet de cet ensemble de bâtiments : agrandissement du magasin, agrandissement majeur du restaurant et construction d’une 2^e cafétéria, aménagement d’une véranda panoramique, construction du carillon⁶.

Les nouveaux bâtiments après le déménagement de la chapelle d’origine.
De gauche à droite : la chapelle, le bureau des plans (qui deviendra en 1941 la cafétéria) et le nouveau bureau du frère André. Vers 1920.
Archives de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal

Le « Pavillon des pèlerins » deviendra à partir de cette année le lieu de rencontre et de détente pour des millions de pèlerins qui fraterniseront autour d’un bon repas préparé avec soin par une équipe de chefs cuisiniers, pâtissiers, restaurateurs. Cet emblème de l’Oratoire est démoli en 2018 pour faire place au futur pavillon d’accueil mieux adapté aux besoins et aux goûts de notre époque.

Une vue de l’une des salles à manger de la nouvelle cafétéria, après 1954.
Archives de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal.

Si vous venez à l’Oratoire avant l’ouverture des nouveaux pavillons prévus dans le grand projet d’aménagement, vous trouverez le restaurant temporaire au 5^e étage, près du Musée et de la boutique principale. Si la vue n’est pas aussi spectaculaire qu’elle l’était, la nourriture est toujours aussi bonne !

______________________________________

1. Avant que l’œuvre soit confiée à la Corporation de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, c’est un comité formé de laïcs qui veille à la gestion du site en collaboration avec les autorités du Collège Notre-Dame, les propriétaires des terrains et des bâtiments.
2. Annales de Saint-Joseph, novembre 1912, p.328
3. Annales de Saint-Joseph, octobre 1916, p.297-298
4. Analyse des valeurs patrimoniales du site et des bâtiments de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, Caroline Tanguay, mai 2001, p.48
5. L’Ami du frère André, janvier 1974, p. 2
6. Tanguay, op.cit., pp.58-60