Tant de fois j’ai accompagné mon père chez P.A. Gouin, Pascal, Handy Andy, Léopold Duplessis ou Canadian Tire y chercher un outil, de la peinture, une pièce d’auto, des matériaux de toutes sortes pour réparer, rénover ou bricoler.
Son établi était organisé avec le même soin que les tablettes et les rayons des quincailleries : les vis et les clous étaient classés selon leur format et leurs caractéristiques. Tout était à l’ordre, on s’y retrouvait.
Mon père n’était pas un grand bricoleur mais il semblait aimer effectuer des menus travaux. Il travaillait avec patience, proprement et ponctuait ses efforts en disant : « Ce qui mérite d’être fait, mérite d’être bien fait. »
À défaut d’y parvenir seul, il demandait parfois l’aide d’un parent ou de son ami Rolland qui lui, savait tout faire. Ma mère avait surnommé ce dernier : « saint Joseph ». Le charpentier de Nazareth devenait ainsi le modèle de réussite de toute tâche qui nécessitait un marteau, un tournevis ou un chalumeau!
Mon père est décédé en 1991; Rolland, il y a six ans. Le signet souvenir de son décès me présente son visage souriant et… une photo d’outils! Une image qui résume à merveille l’habile artisan et travailleur qu’il a été. Puis mon regard se pose sur la pensée choisie : « Tant et aussi longtemps que le cœur se souvient, les êtres que nous aimons y demeurent et y vivent à jamais. »
La fête des Pères célébrée le troisième dimanche de juin dans de nombreux pays est une belle occasion d’exercer notre mémoire du cœur. Se remémorer les moments marquants avec son père; sourire en pensant à certains de ses travers; honorer des valeurs et des savoir-faire qui lui étaient chers; voilà autant de façons de célébrer l’héritage paternel. Hommage silencieux aux Jean-Louis, Rolland, André, Claude, Roger, Aimé…
Une pensée sincère de compassion envers tous les enfants qui ont perdu leur père au cours des derniers mois sans avoir pu être à leur chevet.
Que notre cœur se souvienne avec amour.
Nathalie Dumas, rédactrice, revue L’ORATOIRE