Le soir du 30 novembre 1972, la basilique de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal accueillait un événement sans commune mesure dans son histoire. Devant un auditoire de 3000 personnes, en majorité des jeunes, un groupe rock reproduisait en concert électrique une messe de requiem en latin et en français. Le groupe se nommait Offenbach et représentait un nouveau visage de la jeune génération québécoise.
Le concept du spectacle avait été articulé par Pierre Harel, l’un des membres du groupe. Un père capucin, Yvon Hubert, qui avait appuyé le groupe dans sa démarche auprès des autorités pastorales du sanctuaire, agissait à titre de président de l’assemblée pour cette messe inédite. Car il est important de bien spécifier qu’il ne s’agissait pas d’un concert plaqué sur un décor de messe. Au contraire ! C’était une messe en bonne et due forme, inspirée de mélodies grégoriennes adaptées aux instruments du groupe.
Le directeur de la pastorale, le père Marcel Taillefer, c.s.c., expliquait alors : « Une tradition veut que l’Oratoire soit un lieu de recueillement ouvert à tout le monde […] Peut-être qu’en participant à une messe sur une musique qui leur est familière, les jeunes vont découvrir un lieu dans lequel toutes les générations peuvent se sentir à l’aise […].»1.
Malgré des réactions assez négatives à l’annonce du projet, le spectacle a été un succès sur toute la ligne. Si certains appréhendaient des débordements, tel ne fut pas le cas et toutes les personnes concernées ont fait état d’une grande réussite. La prestation a été diffusée en direct à la radio et un enregistrement à la fine pointe de la technologie de l’époque témoigne de la qualité du projet. Ce précieux disque vinyle est conservé aux archives de l’Oratoire Saint-Joseph.