Saint Frère André, l’homme qui sait murmurer dans l’oreille de Dieu
« Le Bon Dieu n’est pas loin de vous. Il est proche de vous. Chaque fois que vous dites Notre Père, il a l’oreille collée à votre bouche » disait souvent saint frère André.
Ces quelques mots disent l’essentiel de l’expérience spirituelle et mystique du petit frère convers, portier du Collège Notre-Dame, Ami de saint Joseph et portier de l’Oratoire Saint Joseph du Mont-Royal.
Sa méditation continuelle de la passion du Christ lui a permis d’expérimenter et de vivre, d’une manière exceptionnelle, le mystère de la proximité déroutante et déconcertante de Dieu, notre Père, à travers sa relation privilégiée avec Saint Joseph.
Pour frère André, la réalité de la présence et de la sollicitude de Dieu ne dépend pas de la décision ou du choix des êtres humains. Qu’on le veuille ou pas, Dieu est présent à sa création et sa sollicitude s’étend à tous les êtres, sans exception. Toutefois, pour se rendre compte, de façon existentielle de cette présence, il nous faut en faire l’expérience dans la reconnaissance du fait qu’il est effectivement « Notre Père », en Jésus-Christ et dans l’Esprit.
Se reconnaître comme fille ou fils de Dieu et apprendre à vivre et approfondir notre relation filiale avec lui conduit à la prise de conscience de cette proximité étonnante et déroutante de Dieu au point où l’on peut sentir cette présence de façon physique, de quelqu’un qui est là, qui nous entend, qui nous comprend et qui nous soutient.
Sentir l’oreille de Dieu collée à notre bouche, c’est la preuve extrême de la proximité physique de quelqu’un pour qui notre parole compte.
Autrement dit, si Dieu peut coller son oreille à notre bouche, c’est que nous aussi nous savons que nous pouvons lui faire des confidences. C’est dire l’importance que Dieu accorde à ses enfants. En effet, à travers cette expression, saint frère André exprime sa reconnaissance à Dieu qui prend soin de nous comme de la prunelle de son œil.
La sollicitude de Dieu est telle qu’il ne veut laisser échapper aucune de nos paroles que nous lui adressons, car entre notre bouche et son oreille, il n’y a plus aucun espace qui peut laisser échapper quelque chose. Entre notre bouche et son oreille, il y a une telle étanchéité que personne d’autre ne peut entrer dans notre confidence. Rien ne peut pirater ce que nous disons à Dieu.
Mais d’un autre côté, il faut savoir que le cœur du frère André est lui aussi, collé à la bouche de Dieu pour absorber toute ses paroles et en vivre. Et cela, il l’a appris de saint Joseph, son grand ami. C’est pourquoi frère André continue de nous inviter à monter à l’Oratoire Saint Joseph, à « aller à saint Joseph » pour apprendre à écouter le Seigneur qui parle sans cesse à notre cœur, et qui colle toujours son oreille à notre bouche à chaque fois que nous disons « Notre Père ». En effet, « l’Oratoire est un lieu où l’on touche le surnaturel, où l’on respire la grâce, où la foi des gens s’étale toute nue. C’est l’oasis où nous tous, pauvres pérégrinant en route vers l’éternité, nous venons prendre un bain spirituel, un cumul de force pour les batailles de la vie. » (Henri-Paul Bergeron, c.s.c, Le frère André c.s.c., Éditions Fides, Montréal 1947, p. 85).