Chaque été, une multitude de visiteurs viennent admirer les beautés de l’Oratoire, alors que la nature est à son meilleur. Si les uns préfèrent découvrir le site par eux-mêmes, d’autres apprécient d’être orientés et renseignés davantage sur le sanctuaire pour bien profiter de ses atouts. À quand remonte la tradition de la visite « touristique » de l’Oratoire Saint-Joseph ? La réponse est loin d’être claire… Si l’Oratoire a toujours accueilli des individus ou des groupes qui ne venaient pas nécessairement dans un but religieux, il semble toutefois que le tourisme ait connu un développement rapide suite à la Seconde Guerre mondiale. Les archives font écho des toutes premières initiatives concernant des guides touristiques. Déjà en 1941, il semble que « l’Oratoire s’était pourvu d’un service de guides attitrés pour expliquer convenablement les étapes de l’œuvre du frère André, c.s.c. avec un texte fourni par le Père Goulet, c.s.c. »1. Comme l’achèvement de la basilique était loin d’être terminé à cette époque, on peut supposer que des guides ont été embauchés pour présenter aux visiteurs les travaux financés par les dons et les offrandes des pèlerins. En 1948, un dénommé Pierre Leclaire écrit à l’économe de l’Oratoire, le père Honoré Rivest, c.s.c., pour lui présenter un projet qui prévoit « d’engager gratuitement trois guides compétents bilingues et qui auraient l’ambition de voir s’achever au plus tôt la future basilique ». Les guides auraient pour mandat de faire voir « les débuts et l’œuvre grandiose de l’Oratoire Saint-Joseph »2. Le salaire aurait été les contributions des visiteurs. Malheureusement, les archives sont muettes sur la suite donnée à ce projet.
À compter de 1954, de nombreux documents témoignent de la volonté de l’Oratoire de gérer l’affluence touristique; le 50e anniversaire du sanctuaire fournissant le contexte idéal. On met l’accent sur le fait que l’Oratoire est un incontournable de Montréal. Un mémorandum des Associés du frère André envoyé aux hommes d’affaires de la ville est particulièrement éloquent : « Paris a la tour Eiffel; Londres, Westminster Abbey; Ottawa, la Tour de la Paix… et Montréal rayonne parmi celles-ci avec son gigantesque dôme surmonté d’une croix de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal ». On fait également la comparaison entre les pèlerinages de Lourdes, de Fatima, de Compostelle…3 À cette époque, on approche des compagnies d’autobus spécialisés dans le « tour de ville » (sightseeing).
Un itinéraire est proposé pour une visite d’environ 50 minutes en 19574. Dès l’année suivante, le sanctuaire se dote d’un Bureau des relations extérieures pour veiller à la production et à l’envoi de centaines de milliers de dépliants, brochures, cartes et revues aux agences de voyages aux quatre coins du monde. Avec les années soixante, le sanctuaire développe sa propre activité de visite commentée. Ainsi, en 1961, des scénarios de visite sont développés pour les visiteurs qui souhaitent être accompagnés5.
Si certaines questions demeurent sur cette facette de l’histoire du sanctuaire, nul doute que depuis le milieu du vingtième siècle l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal est une destination touristique majeure de Montréal. Venez nous visiter et constater par vous-même – ou en compagnie d’un de nos excellents guides – ce qui attire les foules sur le flanc de la montagne…
1. Archives de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, 11.01.00, Projet de 1948, 19 juin 1948
2. Archives de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, 11.01.00, Projet de 1948, 20 août 1948
3. Memorandum [to the] Businessmen of Montreal, Archives de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, I.2011/102-38
4. Rapport de Léo Caisse sur les autobus « sightseeing », 19 février 1957, Archives de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, I.2011/102-38
5. Archives de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, 11.01.00, Scénarios de visite