Le chemin de croix de la basilique de l’Oratoire, une œuvre du sculpteur français Roger de Villiers, a bénéficié au cours des derniers mois d’un entretien méticuleux suivant les recommandations du Centre de conservation du Québec (CCQ). Un travail nécessaire car l’œuvre est, en quelque sorte, « victime de son succès ». Adossée aux piliers du dôme de la basilique, à la croisée du transept et de la nef, et placée à la hauteur des visiteurs, elle suscite une grande dévotion; nombreux sont les pèlerins qui, en passant, s’arrêtent devant une station pour prier et toucher les mains et le visage du Christ. Concilier les exigences liées à la conservation des œuvres avec la mission d’un sanctuaire vivant et accueillant : voilà un beau défi !
Roger de Villiers : l’art chrétien renouvelé
En novembre 1955, Roger de Villiers (1887-1958) est invité à proposer des esquisses pour un chemin de croix qui devait au départ orner les murs des bas-côtés de la nef, placé entre les fenêtres, au-dessus des confessionnaux. Le sculpteur jouit d’une bonne renommée en France. Sa carrière est presqu’uniquement consacrée à l’art chrétien qu’il a voulu renouveler. Ses distinctions et réalisations sont nombreuses, mais l’Oratoire est l’un des rares monuments hors France qui possède l’une de ses œuvres (mentionnons également les sculptures de Notre-Dame du Mont-Carmel à Haïfa).
Chemin de croix
À compter de décembre 1955, de Villiers, travaillant depuis la France, va créer des esquisses et des gouaches illustrant chacune des quatorze stations, ainsi que des maquettes en terre qu’il photographie et envoie à l’Oratoire. Pour la réalisation de l’œuvre, on choisit la pierre de Lens, un matériau français fort apprécié depuis l’Antiquité romaine. Très résistante, comme l’avait souligné l’artiste, la pierre s’entretient bien, ce que nos techniciens en muséologie on pu constater encore cette année! L’exécution est confiée à un atelier de sculpture. La quatrième station du chemin de croix, Jésus rencontre sa mère (fig.) sera la première que de Villiers va réaliser. Elle sera terminée en mai 1957 puis envoyée à Montréal par bateau. Alors qu’il travaille toujours sur le chemin de croix de l’Oratoire, Roger de Villiers meurt le 18 juin 1958. Son fils, François termine la commande en respectant le style de son père qui, citons-le, avait « tenu à rester dans un esprit classique, tout en y apportant une sobriété mesurée ».