Une lumière perce les ténèbres, une voix brise le silence
Quand la célébration de la Passion et de la mort du Christ se termine, le Vendredi saint, toute la vie liturgique semble se mettre « sur pause ». Ce moment de silence invite chacun à entrer en soi. Avec la Vierge Marie et les disciples de Jésus, nous entrons dans ce temps de douleur.
Face à la mort de Jésus, ces premiers témoins étaient inconsolables. En faisant silence, nous prenons mieux conscience que dans notre monde aujourd’hui, nous sommes tous confrontés à une situation où la maladie et la mort nous touchent. Ce jour de silence est un jour pour nous souvenir qu’au-delà de notre souffrance, nous retrouvons cette espérance qui ne peut s’éteindre puisque nous savons que nous sommes entre les mains d’un Dieu qui est amour.
Voilà que dans la nuit de ce samedi, lentement, la lumière renaît. Habituellement, partout dans le monde, chrétiens et chrétiennes se rassemblent; ce temps de ténèbres et de silence laisse place à l’espérance et à la joie. Partout, dans nos églises, nous vivons ensemble ce moment où la lumière jaillit des ténèbres. Une première lumière, un feu nouveau monte dans la nuit, le cierge pascal est allumé nous rappelant que cette lumière qui éclaire notre monde, c’est celle du Christ sorti du tombeau. Puis cette lumière se répand alors que chaque personne reçoit la flamme pascale et la partage avec ses frères et sœurs jusqu’à ce que tout s’illumine. Et nous écoutons ce chant :
« Réjouis-toi, ô notre terre,
Resplendissante d’une telle lumière.
Car il t’a prise dans sa clarté,
Et son Royaume a dissipé la nuit ! »
Et les membres de l’assemblée en levant bien haut leur cierge allumé reprennent en chœur : « Exultez de joie, voici la lumière! Exultez de joie : Christ est ressuscité! »
Baignée dans cette lumière, l’assemblée peut maintenant écouter les lectures qui rappellent cette présence de Dieu à partir de la création du monde, en passant par les grandes étapes de l’histoire jusqu’à la venue du Christ. Cette parole exprime le dessein d’amour de Dieu pour son peuple et pour l’humanité.
Dans ces temps difficiles que nous vivons, nous ne pouvons pas nous rassembler aujourd’hui pour laisser éclater notre joie. Nous sommes invités à vivre ce moment chacun chez soi mais en demeurant unis les uns aux autres.
Tout comme la lumière de la grande célébration de la Vigile pascale éclaire le lieu quand chaque personne porte bien haut la lumière de son cierge, nous savons que l’espérance devient possible quand nous agissons ensemble d’un même chœur.
Soyons solidaires en répondant de manière responsable aux directives nécessaires pour traverser cette crise. Soyons solidaires aussi dans nos efforts pour « tendre la main » aux personnes qui ont besoin de notre aide, qui ont besoin d’entendre notre voix, qui ont besoin de sentir qu’elles ne sont pas seules. Soyons solidaires, à la manière de saint frère André en confiant au Seigneur, dans la prière, les besoins de notre monde et des personnes près de nous qui souffrent.
Que la joie profonde et lumineuse qui jaillit en cette nuit de Pâques inonde votre vie.
Père Claude Grou, c.s.c.
Recteur