Novembre, la nature se dépouille pour s’installer doucement dans le blanc silence de l’hiver. Moment privilégié pour faire mémoire de nos défunts qui ont migré vers l’infini, vers une autre vie. En novembre, ce sont tous ces êtres chers qui habitent notre mémoire et notre espérance. « Que votre cœur ne soit pas troublé, nous dit Jésus, Vous croyez en Dieu, croyez en moi. » « Il y a beaucoup de place dans la maison de mon Père; je m’en vais vous préparer une place. » « Vous savez où je vais, et vous savez le chemin. »
Ce chemin d’espérance tracé par Jésus, pour nous et pour tous ceux et celles qui nous ont quitté est bien exprimé dans ce beau poème : « Partir, comme en une dernière migration, fermer les yeux pour naître à un autre regard, avec l’espérance d’y trouver enfin la paix, la joie, la réponse tant cherchée à ses raisons de vivre. Nous sommes toujours en appel de partir comme des pèlerins en quête d’émerveillement et d’amour, d’espérance et d’éternité.
À Thetford Mines, j’ai connu Adrien, un mécanicien à qui je confiais ma voiture. Il est décédé du cancer. À sa famille et à ses amis il avait laissé une lettre : en quelque sorte, son testament spirituel. Elle avait pour titre : l’essentiel.
Se sachant en fin de vie, il conclut ainsi sa lettre: « Peu à peu l’homme se dépouille du superflu, monte et grandit, disponible vers les sommets. Je ne connais pas l’heure où nous devrons nous embarquer pour l’ultime voyage, mais j’ai appris l’essentiel. J’ai trouvé la sérénité et l’amour. Avec ces deux grandes ailes je me sens léger et capable de grandes envolées. »
Adrien l’avait compris : la mort n’est qu’une étape dans ce long pèlerinage à la rencontre du Seigneur. Le départ de ceux que nous aimons nous attriste. Mais il est aussi une invitation à chercher l’essentiel : ce bonheur trop souvent ignoré : celui d’aimer et de se savoir aimés. Parce que, aimer c’est vivre. Aimer c’est faire vivre. Être aimé et accueilli par Dieu, fait vivre éternellement.
C’est le chemin d’espérance tracé par Jésus. L’amour vrai fait passer de la mort à la Vie non seulement celui ou celle qui aime, mais aussi tous ceux et celles que nous aimons. Confions nos défunts à Dieu notre Père, il saura les accueillir dans son amour.
Jean-Pierre Aumont, c.s.c.
Crédit photo: père Charron